Aux origines du Mécanisme africain d’évaluation
Créé en 2003 à l’initiative de l’Union africaine, le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs représente l’un des instruments les plus ambitieux du continent en matière de bonne gouvernance. Pensé comme un cadre volontaire d’auto-diagnostic, il invite chaque État participant à passer sous le regard de ses pairs afin de mesurer la solidité de ses institutions, de ses politiques publiques et de son respect des principes démocratiques. Le Congo-Brazzaville, qui figure parmi les premiers signataires, avait entériné son adhésion le 29 mars 2003, convaincu que la transparence et la redevabilité constituent des leviers indispensables à l’intégration régionale.
Une intégration congolaise mûrie par l’expérience
Vingt ans après cette adhésion fondatrice, Brazzaville consolide son engagement. Le 18 juillet dernier, les cadres de la Commission nationale d’auto-évaluation ont consacré une séance d’approfondissement aux fondements théoriques du mécanisme, mais aussi à la déclinaison concrète de ses exigences dans le contexte congolais. Pour le président de la Commission, Alain Akouala, cette journée de travail a permis de « cerner clairement le rôle de chacun », gage d’une appropriation nationale qui dépasse la simple conformité administrative. Le Premier vice-président, Édouard Lonongo, s’est déclaré « satisfait » de la cohésion méthodologique désormais acquise, signe, selon lui, que la maturation institutionnelle suit une trajectoire ascendante.
La Commission nationale : architecture et missions
Structure collégiale rattachée aux plus hautes autorités de l’État, la Commission nationale d’auto-évaluation se compose de personnalités issues de l’administration, du secteur académique et de la société civile. Elle est chargée de collecter les données, de conduire les consultations et de rédiger le rapport périodique soumis au Panel continental d’experts. À Brazzaville, les débats ont rappelé le caractère transversal de cette mission : des indicateurs économiques aux normes de gouvernance, en passant par la participation citoyenne, la grille d’analyse embrasse l’ensemble du champ sociopolitique national. La démarche exige donc une coordination étroite avec les ministères sectoriels et les partenaires internationaux, afin de garantir la fiabilité des informations recueillies.
Enjeux logistiques et diplomatiques de la feuille de route
Au-delà des considérations théoriques, les participants ont insisté sur la nécessité d’améliorer les conditions matérielles de leur travail. Qu’il s’agisse d’équipements informatiques, de mobilité sur le terrain ou de renforcement des capacités analytiques, le succès du processus dépendra de ressources adéquates. Dans cet esprit, la signature imminente d’un protocole d’entente avec le Secrétariat du MAEP revêt une dimension stratégique. Ce document, attendu dans les prochaines semaines, officialisera l’intégration du Congo dans le cycle d’évaluation et ouvrira l’accès à un appui logistique et technique mutualisé. Sur le plan diplomatique, il offrira aussi une vitrine supplémentaire à la diplomatie congolaise, laquelle mise sur la bonne gouvernance pour consolider sa voix au sein des enceintes africaines.
Vers une gouvernance concertée, pivot d’une intégration continentale
En filigrane, les autorités congolaises voient dans le MAEP un catalyseur de leur agenda de modernisation. À l’heure où l’Afrique centrale s’emploie à rationaliser ses politiques commerciales et à harmoniser ses cadres réglementaires, la démonstration d’une gouvernance vertueuse renforce l’attractivité du pays auprès des investisseurs et des organisations partenaires. Lors de la séance du 18 juillet, plusieurs intervenants ont souligné que la crédibilité des données produites sera scrutée de près par les futurs partenaires de la Zone de libre-échange continentale africaine. Dans un contexte régional parfois secoué par l’instabilité, la méthode congolaise, fondée sur l’adhésion volontaire, a vocation à projeter une image de stabilité et de fiabilité.
Le Président Denis Sassou Nguesso, qui avait rappelé dès 2021 son attachement à la « consolidation de l’État de droit et à la transparence », trouve dans le MAEP une tribune pour concrétiser cet engagement. La liaison étroite entre le sommet de l’État et la Commission cristallise une dynamique ascendante : les recommandations issues des évaluations seront appelées à nourrir directement les plans nationaux de développement. En retour, les avancées enregistrées par Brazzaville nourriront le forum continental des bonnes pratiques, contribuant à élever le niveau de confiance mutuelle entre États souverains.