Un agenda dense au Palais du Peuple
Sous la haute autorité du président Denis Sassou Nguesso, le Conseil des ministres du 16 juillet 2025 s’est ouvert dans une atmosphère à la fois studieuse et résolument prospective. Neuf affaires, toutes stratégiques, ont rythmé les échanges, révélant un exécutif soucieux de répondre simultanément aux impératifs de croissance, d’inclusion sociale et de rayonnement international. Du secteur pétrolier à l’ingénierie culturelle, la séance a dessiné les contours d’une gouvernance qui mise sur la diversification sans renoncer à ses actifs historiques.
Hydrocarbures : nouvelles dynamiques contractuelles
Le ministre des Hydrocarbures, Bruno Jean Richard Itoua, a présenté cinq projets de loi visant à sécuriser la phase post-2025 de l’exploitation pétrolière. Les contrats de partage de production Likouala II et Ikalou II, conclus le 13 juin 2025, renouvellent le partenariat tripartite associant la SNPC, Perenco Congo et Congo REP. La recomposition actionnariale, marquée par la montée en puissance de Perenco, s’accompagne d’objectifs de redéveloppement chiffrés à 780 millions de dollars pour Likouala et 239 millions pour Ikalou. Les avenants relatifs aux champs Haute Mer, Nsoko II et Nanga I, où TotalEnergies et Trident Energy réajustent leurs portefeuilles, traduisent une gestion pragmatique des maturités de gisements et un alignement sur les standards fiscaux contemporains. À travers ces textes, l’exécutif entend préserver la rentabilité de la rente pétrolière tout en confortant la souveraineté de l’État sur ses ressources stratégiques.
Recherche forestière : vers une gouvernance unifiée
Rigobert Maboundou, ministre de la Recherche scientifique et de l’Innovation technologique, a plaidé pour une refonte de la loi 23-2012 portant création de l’Institut national de recherche forestière. L’initiative vise à résoudre la dualité institutionnelle héritée de l’ancienne Unité de productivité des plantations industrielles, devenue Centre de recherche sur la durabilité. En rattachant la gestion des forêts plantées à un unique opérateur public, le gouvernement ambitionne d’harmoniser la production scientifique, d’optimiser la mobilité des financements internationaux liés au climat et de garantir la sécurité juridique des chercheurs affectés. Ce recentrage institutionnel s’inscrit dans la stratégie nationale de préservation du bassin du Congo, deuxième poumon vert de la planète.
Réseau hospitalier : cap sur l’équité territoriale
Le ministre de la Santé et de la Population, Jean Rosaire Ibara, a défendu la création des Hôpitaux généraux de Ouesso et de Sibiti. Ces établissements publics, bientôt opérationnels, répondent à la volonté présidentielle de rapprocher les services spécialisés des populations éloignées des pôles urbains. Conçus pour proposer cardiologie, chirurgie, obstétrique et pédiatrie, ils renforceront la résilience sanitaire face aux crises épidémiques, conformément aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé. À moyen terme, leur mise en réseau avec la Couverture santé universelle en gestation devrait atténuer les inégalités territoriales constatées par plusieurs études démographiques.
Fespam : diplomatie culturelle et économie créative
Marie-France Lydie Hélène Pongault, ministre de l’Industrie culturelle, a confirmé la tenue du 12ᵉ Festival panafricain de musique du 19 au 26 juillet 2025. Sous le thème « Musique et enjeux économiques en Afrique à l’ère du numérique », l’événement mise sur un format agile, conciliant sobriété budgétaire et ambitions continentales. Expositions patrimoniales, symposium académique et marché professionnel composeront une programmation qui entend convertir l’effervescence artistique en valeur ajoutée pour les jeunes créateurs. Le maintien de cette vitrine, salué par l’Union africaine et l’UNESCO, illustre la diplomatie d’influence que Brazzaville exerce par la culture depuis la ratification de la Convention de 2005 sur la diversité des expressions culturelles.
Maintenance des infrastructures : la task force présidentielle
En marge du Conseil, le chef de l’État a dénoncé la dégradation avancée des sites construits pour les Jeux africains de 2015 et pour les programmes de municipalisation accélérée. Il a ordonné la constitution d’une task force interministérielle, pilotée par le Premier ministre et le ministre d’État chargé des Grands travaux, afin de réhabiliter campus universitaire, village sportif de Kintélé et complexes régionaux. Cette démarche traduit une exigence de bonne gestion du patrimoine public et répond aux observations récurrentes de la Cour des comptes sur l’entretien des équipements publics. La démarche, qui associe Défense, Finances, Jeunesse et Urbanisme, entend inaugurer un nouveau cycle de maintenance préventive fondée sur des audits réguliers et des contrats de performance.
Regards prospectifs
En refermant la séance à 12 h 30, l’exécutif a posé les jalons d’une phase politique où la consolidation des acquis — énergétiques, sociaux et culturels — se conjugue avec l’exigence de transparence institutionnelle. Les textes validés devront désormais franchir l’étape parlementaire, terrain où s’articulent contrôle démocratique et adaptation technique. À l’aube de la période budgétaire 2026, l’État congolais dispose ainsi d’une feuille de route dont la cohérence sera scrutée tant par les partenaires internationaux que par les citoyens. Si la diversification économique reste un horizon, la séance du 16 juillet révèle un volontarisme réformateur indissociable de la stabilité macro-politique recherchée par Brazzaville.